Armoire à pharmacie

L'homéopathie

Décriée par les uns, adulée par les autres, l’homéopathie ne laisse personne indifférent. Pourtant, il n’y a rien de magique là-dedans.

Pragmatiques, les Français sont 79% à penser que les malades devraient pouvoir bénéficier de traitements homéopathiques à l’hôpital (sondage Ipsos) et des consultations d’homéopathie se sont d’ailleurs ouvertes dans plus d’une quinzaine de centres hospitaliers (dont Lyon, Bordeaux, Toulouse, Marseille, Paris, Brest, Reims, Strasbourg et Roubaix). Une vraie reconnaissance !

L’histoire de l’homéopathie

« Made in Germany » : l’homéopathie est née au XVIIIe siècle. Son père, Samuel Hahnemann, un médecin chimiste allemand, l’a conçue après avoir remarqué qu’une substance active pouvait déclencher certains troubles chez une personne saine et au contraire, soigner un malade présentant les mêmes troubles. Le principe de la similitude était né (« soigner le mal par le mal ») !

Le secret de fabrication

Pour réduire la toxicité des substances utilisées, Samuel Hahnemann a imaginé de les diluer dans de l’eau ou de l’alcool. La mention « CH » (ou Centésimale Hahnemanienne) qui accompagne le nom d’un remède témoigne du niveau de dilution : 1CH représente une dilution au 1 centième (1% de principe actif pour 99% d’eau ou d’alcool), 2CH une dilution au 10 millième, 3CH une dilution au 1 millionième, etc.

Le mystère : jusqu’à 9CH, les molécules du principe actif sont détectables. Mais au-delà, il n’y a plus la moindre molécule de principe actif dans le remède homéopathique, ce qui fait dire à ses détracteurs que cela revient à avaler de l’eau.

Pourtant, lorsque des physiciens ont recours à la technique de « thermoluminescence » (utilisée en archéologie pour dater des objets), ils notent que les molécules d’eau des remèdes fortement dilués, ne sont plus agencées de la même façon que l’eau pure (leurs liaisons d’hydrogène ont bougé).

Est-ce suffisant pour expliquer une quelconque action sur notre santé ? Là est la question. 

Info ou intox ?

Il est vrai qu’on ne sait toujours pas expliquer comment les hautes dilutions agissent, mais il est faux de soutenir que l’homéopathie est absente de la recherche. Les hautes dilutions ont fait l’objet de plus de 150 publications dans des revues médicales de référence comme « The Lancet », « The British Médical Journal » ou « Nature ». Les travaux in vivo, reproductibles, ont été réalisés selon des protocoles comparables à ceux des études classiques. Et les résultats sont édifiants.

Par exemple : l’effet anti agrégeant d’une injection d’aspirine à forte concentration (100 mg/kilo) est totalement stoppé par une injection d’aspirine hautement dilué (15CH), qui ne contient pourtant plus une seule molécule d’aspirine !

Source : « Pathophysiology of Haemostasis and Thrombosis ». 

La cible

L’homéopathie fait appel aux capacités de réaction de l’organisme. Elle est donc inefficace lorsque l’organisme est trop affaibli, lorsqu’un tissu est trop abîmé ou encore, si l’affection est irréversible. En revanche, elle peut soulager une douleur ou rendre supportables des traitements de chimiothérapie mal tolérés.

Elle donne aussi de bons résultats dans les infections hivernales, les troubles digestifs, cutanés et psychologiques (troubles de l’appétit, du sommeil, agitation, anxiété, etc.). Les vétérinaires l’utilisent enfin avec succès.

La bonne nouvelle : les homéopathes comparent volontiers leurs remèdes à la clé d’une serrure. Si c’est la bonne clé, la serrure s’ouvre. Sinon, la serrure reste fermée, mais elle n’est pas endommagée pour autant (sauf si vous persistez longuement dans votre erreur). C’est pourquoi l’homéopathie est si bien tolérée.

Les hautes et basses dilutions

Si l’automédication a ses limites – il faut la bonne serrure et la bonne clé – quelques médicaments ouvrent plusieurs serrures à la fois, un peu comme des « passe-partout ».

C’est le cas d’Apis mellifica en cas de piqûre d’insecte ou de végétal, ou d’Arnica pour réduire un œdème en cas de traumatisme ou après opération, etc. Pour autant, en automédication, utilisez seulement des basses dilutions (4 à 9CH), car si vous prenez longtemps une substance hautement diluée d’un remède inadéquat, vous risquez de provoquer des troubles non désirés.

Et ne répétez pas les prises sans avis médical au-delà de 24 heures s’il n’y a aucun changement visible.

À lire

« Guide familial de l’homéopathie » par le Dr A. Horvilleur, éd. Hachette pratique, 2008. 
« Homéopathie et prévention » par le Dr J. Boulet, éd. Privat, 2008. 

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